Ecarté des pelouses depuis le 5 mars en raison d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche, Louis Suaud a (enfin) retrouvé le terrain. Entré en jeu à Cognac et face à Blagnac, le troisième ligne revient avec nous sur sa blessure, ses 9 longs mois de rééducation et son retour à la compétition.

Louis, parle nous de cette date du 5 mars 2022 …  

On approchait des phases finales petit à petit, on se battait pour notre place dans le top 6 et une place en barrage. D’un point de vue personnel j’étais dans une bonne période car j’enchainais les matchs. Le 5 mars, on se déplace à Dijon et je me blesse. Sur le coup c’est dur à accepter, surtout pour la tête et ma volonté de jouer tous les matchs. Je donne tout pour aider l’équipe à se qualifier pour les phases finales et, en un instant, je sais que je ne pourrai pas gouter à ce genre de moment qui fait l’essence du rugby, les phases finales. Depuis cette date et durant ces 9 mois j’en ai bavé. Forcément avec une blessure comme celle-ci, tu es seul. Même si tu es accompagné tu te bats pour toi, personne ne va se battre à ta place. Je me suis levé tous les jours pour revenir en forme et plus fort. Ai-je douté ? Sur le coup oui forcément, mais rapidement après l’opération je me suis mis en mode combattant. J’avais un objectif et je suis resté focus sur ça.   

Quel a été ton programme pendant 9 mois ? 

J’ai été opéré fin mars à Nice. Ensuite pendant les 2 premiers mois j’ai bossé sur la mobilité, ce n’était pas le plus gros travail. A partir du 3ème mois, on a intensifié et corsé les choses avec du renforcement et la reprise de la course dès le 4ème mois. Je suis content car mon corps a répondu aux attentes, j’ai validé toutes les étapes sans problèmes, sans aucune rechute. Pour poursuivre correctement le processus, je suis parti 3 semaines à Cap Breton dans un centre de rééducation. Là-bas on a accentué la préparation surtout sur le renforcement, le cardio et la reprise d’appuis sur le terrain. Je voyais le bout du tunnel mais le sentiment était particulier : plus la date de mon retour approchait, plus ça me paraissait interminable. 

Et puis enfin la reprise avec le groupe. Quel sentiment as-tu eu à ce moment-là ? 

Les derniers jours avant de reprendre avec le groupe ont été compliqués, j’enrageais de ne pas être avec le groupe. Je me sentais prêt mais il fallait respecter le processus. J’étais suivi par le staff médical et par les préparateurs physiques, Viktor et Romain. Ils ont fait un travail monstre avec moi, c’est en grande partie grâce à eux que je suis de retour dans les temps. J’ai réalisé et passé tous les tests physiques, le travail de 9 mois intense a payé. Lorsque j’ai retrouvé l’entrainement collectif, j’étais un lion en cage. J’avais les crocs. Je retrouvais enfin les sensations d’un joueur de rugby. 

Tu as refoulé la pelouse à Cognac avant d’enchainer à la maison face à Blagnac, la blessure est désormais oubliée ? 

J’ai été très content lorsque le staff m’a annoncé que je faisais partie du groupe pour Cognac. J’avais hâte de retrouver les terrains et la compétition. Je suis entré en cours de match, l’équipe avait pris les devants donc je suis rentré dans de bonnes conditions. Je rentre et je pique un ballon en touche donc ça donne confiance. Lors du premier placage, je n’ai pas eu d’appréhension, j’ai joué avec l’esprit tranquille. La blessure est derrière moi, si tu es dans la réflexion tu n’es plus dans l’action. J’en ai bavé mais désormais je profite.

Un mot sur la dynamique de l’équipe. Est-ce le bon moment de lancer une série ? 

On a enclenché une série avec ces deux victoires et on a l’occasion de la poursuivre. Ce championnat est très dense, si on enchaine plusieurs résultats on peut remonter rapidement au classement. C’est l’objectif. Depuis le break après la défaite face à Chambéry, je sens l’équipe très concernée pour rectifier le tir. Il y a clairement une réelle détermination à faire mieux. On a une défense solide, il faut qu’on règle désormais ces détails qui nous gênent en phase offensive. Ce week-end on va à Rennes pour gagner. Ce serait une erreur de dire que c’est un promu, si tu n’es pas à 100% tu le payeras derrière. Moi je regarde vers le haut du classement, on n’est pas largués.